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  • Adeline

Un épanouissement faunesque

Dernière mise à jour : 26 janv. 2022

Pas un bruit à l’extérieur de la forêt. Depuis combien de temps ? Difficile à savoir !


L’exploration est au programme aujourd’hui. Les cinq sens concentrés sur l’aventure. Aucun ennemi à la ronde. Les humains ont déserté, c’est reposant. En revanche, les prédateurs sont toujours là. Nécessité d’être prudents mais en groupe, plus facile de s’en sortir. Oreilles attentives, yeux grands ouverts, défenses aux aguets, ils quittent leur repaire.

Un paysage complètement différent se dessine, ils sont curieux, le découvrent. Ils avancent sur les routes meurtrières ; désormais, peu d’animaux sont tués en traversant. Les humains sont moins présents sur l’asphalte comme en forêt : ça a ses avantages et ses inconvénients. Ils sont épargnés par les chasses humaines mais les sangliers reviennent en force. Ils redoublent de vigilance tout en éprouvant une certaine sérénité. Il n’y a plus de frontière invisible entre la forêt et les terres que les humains se sont appropriés.


Cependant, après avoir été privés tant de temps du reste du monde, il se baladent d’abord précautionneusement, un sabot après l’autre puis, s’apercevant de leur solitude, ils trottinent gaiement. Ils vont jusqu’en ville et jettent des regards perdus vers les habitations.


Une biche trouve un miroir abandonné sur son chemin. Elle ne connaît pas son reflet. Croyant que c’est un de ses compagnons de route, elle se retourne. Elle regarde à nouveau le mystérieux objet et s’avance pour essayer de toucher son congénère. Elle recule brutalement au contact du miroir. Elle renouvelle l’expérience jusqu’à s’en lasser.


Un événement insolite se déroule sur le territoire habituellement réservé à l’humain. Ce ne sont pas seulement des biches et des cerfs qui sont de sortie. Ils ont été rejoints par d’autres animaux originaires du même endroit. C’est un véritable rassemblement de la faune pendant l’inactivité humaine. Leurs instincts de prédateurs et de proies sont temporairement oubliés. Ils sont tout à leur exploration, osant enfin se manifester.


Renards, rongeurs, lapins, chevreuils, biches, belettes, loups et cerfs se déplacent côte à côte. Les animaux marchent, les rôles s’inversent, les Autres sont enfermés chez eux tandis qu’eux sont libres. Ils paradent jusqu’au bout de la ville sous les regards ébahis des habitants se tenant derrière leurs fenêtres. Les animaux ressemblent aux enfants. Ils sont curieux et innocents. Les poteaux, les maisons, les arrêts de bus…Tout les intéresse mais ils ne sont pas dans leur élément.


Un renard tente de rentrer dans une habitation mais ne sait pas comment s’y prendre. Elle ne lui est pas accessible, il observe donc à l’intérieur. Un rongeur fouille une poubelle mais se retrouve coincé. Un loup donne un coup de patte pour le libérer.


L’espèce humaine contemple ce spectacle avec admiration, privée de sa liberté, aspirant à de meilleurs jours, le cœur gonflé d’espoir.


Adeline

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