Durant mon enfance, j’ai rencontré un être unique, singulier. Il s’appelait Ambroise et il était dans ma classe. Il était mince et plus petit que tous nos camarades. Certains n’hésitèrent pas à le brimer pour cela. Déjà dotée d’une haine pour l’injustice, je le défendis bec et ongles, moi, « la géante », et je le pris sous mon aile. Plus personne n’osa l’embêter. Ambroise me voua dès lors une profonde reconnaissance et une amitié fleurit entre nous. Au fil des mois, elle se mua en un autre sentiment. Nous devînmes bientôt le couple de l’école primaire. Je le voyais à l’école et à la garderie. Il refusait que je rencontre sa famille et il ne voulait pas que je le fréquente le soir. Lorsque je lui demandais des explications, il fuyait le sujet et il paraissait très embarrassé. Respectant sa volonté, je m’accoutumai à cette situation étrange. Nous restâmes ensemble pendant tout le primaire, plongeant mon enfance dans un monde empli d’amour. En dehors de ma famille, il est le seul à m’avoir réellement aimée, tandis que les autres me craignaient et me respectaient. C’est pourquoi quand il disparut de ma vie, son départ me fut très brutal, comme un coup de poignard en plein cœur. À la fin du CM2, il s’évanouit dans la nature comme une fée désertant le monde mortel. Tandis que tout le monde le salissait en prétextant qu’il était parti en hôpital psychiatrique ou qu’il était mort, je le cherchais sans relâche. J’étais la seule qui croyait en lui et qui sentait en son for intérieur qu’il était vivant et sain d’esprit.
Une nuit me donna raison. Je dormais depuis plusieurs heures, quand je ressentis le besoin de me réveiller. J’ouvris les yeux et je le vis, flottant au-dessus de moi. Peut-être venait-il vraiment d’un autre monde ? Il me regardait avec bienveillance en prononçant mon prénom. Surprise, je m’apprêtai à allumer. Il me défendit aussitôt de le faire. Le ton de sa voix était doux, mais impérieux. Il ajouta que nous ne pouvions parler que dans le noir. Interloquée, je lui demandai pourquoi. Il me répondit que c’était ainsi, qu’il n’avait pas le droit de répondre à cette interrogation. J’acceptai donc son unique règle et commençai à discuter avec lui. Des mois s’étaient écoulés depuis son départ. Je lui disais à quel point il me manquait, il me répondait qu’il ne pouvait pas revenir, que nous ne nous verrions que la nuit, de cette façon-là. Au début, j’étais triste, puis cela devint mon quotidien. Je préférais qu’il en soit ainsi plutôt que de me séparer à jamais de lui.
Une nuit, ma sœur aînée nous entendit parler et nous dénonça à mes parents. Ils pénétrèrent brutalement dans ma chambre et allumèrent. Ambroise avait disparu. Ils décidèrent de m’emmener voir un médium, pensant que le fantôme de mon premier amour était venu me hanter. Après de nombreuses séances et des résultats infructueux, le praticien s’avoua vaincu. « Votre fille n’est pas visitée par un spectre, je ne peux rien faire pour vous. » déclara-t-il à mes parents. Ces derniers m’emmenèrent voir d’autres médiums malgré mes protestations. Tous étaient unanimes : il n’y avait pas de fantôme. Après avoir consulté toutes sortes de professionnels saugrenus, ma famille renonça, impuissante.
Ce fut Ambroise, lui-même, qui me révéla la vérité. Après une nuit sans l’avoir vu, je découvris sur ma table de chevet une feuille avec cette écriture délicate que je reconnaîtrais entre mille. Je m’extirpai rapidement de mon lit pour me saisir de sa lettre.
« Jade, mon amour, pour notre bien, je vais te raconter la vérité. Je ne te demande pas de me croire, ce que je vais te dire va sûrement te paraître ridicule, mais je suis une fée, ou plutôt un féetaud. En t’avouant cela, je trahis les lois féériques. Nous avons interdiction de révéler notre existence aux humains, pour notre propre sécurité. Le soir, je perdais ma fausse apparence humaine, mes ailes sortaient de mon dos. Je ne pouvais pas te voir dans ces conditions. Je ne voulais pas non plus que tu rencontres ma famille car elle craignait que tu découvres notre véritable nature. Elle m’avait défendu de me rapprocher de toi et m’avait suggéré de simplement te rendre ta gentillesse. J’en ai été incapable en raison de mes sentiments pour toi. Ainsi, je leur ai menti sur notre relation pendant tout ce temps. Seul mon frère savait, je lui faisais confiance, il était le seul qui venait me chercher à l’école et au centre aéré. Quand le moment de rentrer au collège est venu, mes parents ont refusé de m'inscrire. Ils ont décidé de me retirer du monde mortel et de m’enseigner tout ce qu’un féetaud devait savoir. Ils pensaient qu’il serait trop risqué de poursuivre ma scolarité parmi les humains. J’ai lutté contre eux de toutes mes forces et ils ont compris que je leur avais menti. Ils m’ont enfermé dans la maison familiale. Si j’ai pu venir te rendre visite toutes ces nuits, c’est grâce à un sort qui permet de faire voyager l’esprit. Mon esprit se matérialisait sous ma forme humaine pour ne pas t’effrayer. Ce sortilège ne fonctionne que dans le noir. Si quelqu’un allume la moindre lumière, nous sommes violemment renvoyés dans notre enveloppe corporelle. Maintenant que je t’ai tout dit, nous ne pourrons plus nous voir ; lorsque nous révélons notre secret à un humain, nous sommes condamnés à disparaître de son monde. Je resterai donc auprès des miens pour toujours. Je suis désolé, tu n’auras plus aucune trace de moi, si ce n’est mon souvenir. Je n’ai pas le choix. Ne répète cela à personne, tu n’auras plus aucune preuve. Je ne veux pas qu’il t’arrive malheur. Garde ce secret dans ton cœur. Je ne t’oublierai jamais et je te suis éternellement reconnaissant pour ta gentillesse et pour tout l’amour que tu m’as donné pendant toutes ces années. Je t’aime. Ambroise. ».
Des larmes ruisselaient silencieusement sur mes joues, mais je fus secouée de sanglots quand je vis que la lettre disparaissait. En quelques secondes, il n’y en avait plus aucune trace, comme Ambroise m’en avait averti. Je tombai à genoux et laissai libre cours à mon chagrin, de telle sorte que ma mère finit par rentrer. Inquiète, elle s’agenouilla à mes côtés et me caressa les cheveux :
- Que se passe-t-il ma puce ? Tu as fait un cauchemar ?
Je répondis simplement dans un sanglot à fendre l'âme :
- Je ne le vois plus, il me manque tellement…
Je perçus dans son regard du soulagement et l’ébauche d’un sourire. Je faillis exploser de colère face à cette réaction, mais je me contins ; elle ne savait pas toute la vérité, c’était normal. Je la laissai donc m’enlacer et me murmurer des mots de réconfort.
Il m’a fallu des années pour ne plus souffrir de l’absence de cet être merveilleux et je ne l’ai jamais oublié. Depuis son départ, à chaque fois que j’entends un bruissement de feuilles, je me dis qu’il est là, quelque part et qu’il pense à moi avec fierté ; je suis devenue une enseignante-sentinelle pour protéger les élèves harcelés.
Adeline
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Très belle romance fantaisie et onirique . Quel jolie plume!
Le thème de harcèlement est décrit avec douceur et amour.
Alors que dans la réalité, les harcelés, surtout les enfants, ne trouvent que très peu de soutien.
Merci Adeline pour ce moment agréable de lecture de ton univers....❤